De Daqin à Beijing [English version]
« Les oeuvres de Michèle KOLTZ-CHEDID me plaisent infiniment parce qu'elles reflètent une certaine idée du « Beau » qui nous est si chère, en même temps qu'un attrait pour la modernité. Une modernité qui, sans être excessive, est tout de même le reflet de notre temps. » Maurice Rheims de l'Académie française. Paris, 1986.
Michèle KOLTZ-CHEDID est née à Beyrouth (Liban) le 13 avril 1945. Elle est issue d'une famille égyptienne d'origine libanaise et syrienne qui a des attaches romaines. Elevée à Paris, elle a suivi toute sa scolarité à l'Ecole Alsacienne (une école réputée qui a toujours beaucoup encouragé les activités artistiques) puis à la Sorbonne.
Outre de nombreuses expositions individuelles et collectives (depuis 1980 en France et au Grand-Duché de Luxembourg), une carte téléphonique a été éditée en 1995 par les Postes et Télécommunications de Luxembourg à partir d'un de ses tableaux. Le Musée d'histoire de la Ville de Luxembourg, le Musée national d'histoire et d'art du Grand-Duché de Luxembourg, le Ministère de la Culture, de la Recherche et de l'Enseignement supérieur du Luxembourg ont acquis de ses oeuvres.
De nombreuses collections privées et banques à Luxembourg possèdent de ses peintures.
Pendant longtemps, le travail de Michèle KOLTZ-CHEDID s'est inspiré de l'histoire de l'art européen et plus particulièrement de celle de la peinture du XVIe au XIXe siècle. C'est dans des tableaux célèbres de Michel-Ange, du Caravage, de Rubens, de Poussin mais aussi de Velasquez, de Subleyras, de David et d'Ingres que Michèle KOLTZ-CHEDID a trouvé ses principaux personnages après les avoir cherchés comme un metteur en scène en quête d'acteurs. Un ou plusieurs personnages repris d'une série à l'autre lui ont permis de relier ces séries entre elles et d'en assurer la continuité.
Depuis 1986, date de sa première exposition à Luxembourg , elle a présenté SEPT séries de tableaux intitulées « Mythologies diurnes et nocturnes » (1986), « Belles endormies « (1987), « Patrocle [1] et Vénus » (1996) et « Le Retour d'Achille » (1996), « Vicolo del divino amore » (1999) , « Et in Roma ego » (2000) et « De Daqin [2] à Beijing » (2006).
Son médium de prédilection utilisé est le pastel sec, technique ancienne qui a fait ses preuves et résiste au temps. Mais dans les calques de la série « Et in Roma ego », le décor et les personnages sont tracés avec des crayons et des feutres de couleurs. Cette série fait référence aux « Bergers d' Arcadie » de Nicolas Poussin mais le sarcophage ainsi que l'inscription ont changé. A la place de « Et in Arcadia ego », l'artiste a inscrit les mots « Et in Roma ego » ou « Et in Amor ego » (« Amor » étant le mot « Roma » inversé) signifiant que même à Rome, Ville Eternelle, et même en Amour, la mort existe.
Sa première approche picturale de l'Asie remonte à 1986 avec son travail sur les danseurs Buto et les lutteurs Sumo japonais qu'elle avait vus en Europe.
C'est en 2001, au cours de son premier voyage en Chine, qu'elle réalisa qu'elle ne pouvait ni comme être humain ni comme artiste, passer à côté de l'immense civilisation chinoise. A la fin de l'année 1999, avec la représentation du corps du Christ dans la série « Vicolo del divino amore » qui, lui semblait-il, posait la question du sens de l'oeuvre dans l'histoire de l'art occidental, elle avait mis un point d'orgue à plus de vingt ans de peinture consacrée au corps humain.
Si dans la peinture occidentale « Le Nu sort l'homme de la nature, il l'enferme dans la solitude de sa conscience [3]» , dans la peinture chinoise traditionnelle le personnage central c'est la nature.
La très célèbre montagne Huang Shan est un symbole fort : « Pourquoi cette montagne attire-t-elle plus que toute autre, un si grand nombre d'hommes et de femmes de tous âges et de toutes provinces ? Parce que la brume épure et façonne la splendeur du paysage favorisant ainsi la création picturale et poétique mais aussi parce qu'elle plonge celui qui se laisse envahir et emporter par elle dans une harmonie et un mystère que le peintre lettré Wang Wei de la dynastie T'ang, adepte du Chan, nomme la « résonance intérieure [4]» .
Dans la dernière exposition intitulée « Luxembourg-Chine : allers-retours » présentée en mars 2006 à Luxembourg, les vues de Chine de Michèle KOLTZ-CHEDID répondaient aux photographies luxembourgeoises de l'artiste chinois SHI RUO. Voici donc cette exposition montrée à Beijing en mai - juin 2007 sous le titre « Luxembourg-China roundtrips » : aux voix de SHI RUO et de Michèle KOLTZ-CHEDID se joint une troisième voix, celle du photographe Michel Medinger.
En septembre 2007, Michèle KOLTZ-CHEDID participa à une deuxième exposition à Beijing intitulée « Clear sound among landscapes ». Cette exposition de groupe se tenait dans une nouvelle galerie située dans le fameux centre « 798 » à Dashanzi, Beijing.
En novembre et décembre 2009, Michèle Koltz-Chedid présentait une exposition individuelle, intitulée "Montagnes chinoises" à la galerie Brenart à Bruxelles.
- [1] Personnage de l'Illiade (poème épique attribué à Homère) et compagnon d'Achille. Il fut tué par Hector sur les remparts de Troie.
- [2] Ancien nom chinois donné à la ville de Rome.
- [3] François Jullien, philosophe : « Le Nu impossible ». Editions du Seuil, 2005.
- [4] Marc Riboud, photographe : « Résonance intérieure ». Hors-série de Connaissance des Arts, n° 218. Exposition « Montagnes célestes. Trésors des Musées de Chine ». Galeries nationales du Grand Palais. Paris 2004.